- A. L'accélération du processus de colonisation
Jusqu'aux années 1880, les Européens contrôlent peu de territoires en Afrique. Les Français ont conquis l'Algérie à partir de 1830, ils sont présents en Afrique occidentale, au Sénégal en particulier. La présence anglaise se cantonne à certains points de cette rive occidentale : Sierra Leone, Côte-de-l'Or, Golfe de Guinée, et au sud du continent avec la Colonie du Cap. Les implantations sont avant tout littorales et l'intérieur des terres est méconnu.
Par l’évangélisation et l’éducation, les Europeens contribuent à l’alphabétisation des populations. Ils permettent également de guider les corps militaires en fournissant de précieux renseignements sur les populations, les richesses présentes ainsi que sur les éventuelles oppositions. Les Européens se forgent l'image d'un continent riche et peuplé dont on ne peut tirer que des avantages. Par ailleurs, les Européens entendent apporter aux populations, jugées primitives, les bienfaits de la civilisation. Mais cette mission civilisatrice masque un dernier enjeu : la quête du prestige et de puissance. La conquête de terres contribue, selon les gouvernements, à conforter son statut de puissance.
La compétition entre puissances coloniales conduit à des convoitises, sources de tensions. Celles-ci sont particulièrement sensibles au Congo. Ce territoire est sous domination du roi des Belges, Léopold II mais il se heurte aux ambitions françaises et portugaises. Les Portugais font état de droits historiques sur l'embouchure du fleuve Congo.
Se rendant compte que la course aux colonies peut risquer de susciter un conflit et une conférence est fixée pour établir les règles d'un partage du continent.
- B. La conférence de Berlin : fixer un ordre européen en Afrique
Le 15 novembre 1884, le chancelier allemand Bismarck ouvre à Berlin une conférence qui doit en premier lieu régler les oppositions à propos du Congo mais, plus largement, son but est de régler les différents coloniaux, de jeter les bases du partage du continent en évitant le risque de guerre. 14 pays participent aux débats qui se poursuivent jusqu'au 26 février 1885, date de publication de l'acte final de la conférence.
Celle-ci règle en premier lieu la question du Congo qui est reconnu comme la propriété du roi des Belges. Il fixe également le principe de libre-commerce sur le fleuve Congo et plus largement de libre navigation sur les fleuves africains. L'acte pose de plus comme principe que toute puissance établie sur la côte a le droit d'occuper et de s'approprier son arrière-pays.
Enfin, il est décidé que l'annexion d'un territoire doit se caractériser par son occupation : le pays colonisateur doit donc avoir une présence militaire et il s'engage à administrer ce territoire pour qu'il soit reconnu comme colonie. La seule signature de traités avec les chefs africains ne suffit plus. Même si l'acte final ne définit pas le partage strict et total du continent africain, ce dernier article, a pour conséquence d'accélérer la compétition entre puissances. Il s'agit désormais de faire reconnaître une souveraineté en assurant cette présence et cette administration des territoires.