A.De fortes rivalités entre nations
Le Royaume-Uni et la France sont les deux principales nations à s'imposer sur le continent africain. Les Français contrôlent le Maghreb, constitué, en plus de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc. La Tunisie devient un protectorat en 1881 : il s'agit d'un régime juridique selon lequel le territoire « protégé » est placé sous la souveraineté de la métropole en matière de défense, de politique étrangère et financière. Le Maroc complète cet ensemble en 1922. Les Français contrôlent également une large partie de l'ouest africain ainsi que Madagascar annexé en 1896.
Les troupes britanniques commandées par Lord Kitchener se trouvent face à une expédition française dirigée par le commandant Marchand. Le contrôle de Fachoda met en jeu la possession du Soudan et plus largement la continuité des deux empires coloniaux. La tension est forte et attise les nationalismes dans les deux métropoles.
L'opinion publique française soutient l'idée que le pays ne doit pas céder aux Britanniques. Ceux-ci exigent que les Français évacuent les lieux et n'hésitent pas à poster leur marine au large de Brest, illustrant ainsi leur détermination. Le gouvernement français est avant tout soucieux d'éviter tout conflit avec la Grande-Bretagne dont l'alliance contre l'Allemagne est indispensable.
Le 21 mars 1899, une convention franco-britannique est signée déterminant les zones d'influence respectives des deux pays : le Soudan aux Anglais, le Tchad aux Français.
Les tensions et conflits sont aussi suscités par des puissances entrées tardivement dans la conquête coloniale et qui cherchent à s'établir plus largement sur le continent. C'est ainsi le cas de l'Allemagne qui s'oppose, en 1905 puis en 1911, à la France pour la domination du Maroc. Là aussi, le conflit est réglé par la voie diplomatique : la France en obtient le contrôle en échange de territoires en Afrique de l'Ouest (le Togo et le Cameroun).
B. Les résistances locales et leurs conséquences
La colonisation se heurte logiquement à des résistances locales. Celles-ci s'expliquent par le fait que les métropoles européennes opèrent souvent en découpage frontalier ignorant l'unité des tribus, des ethnies et l'existence de royaume déjà en place. Les Fangs sont ainsi partagés entre le Cameroun allemand, le Gabon et la Guinée équatoriale.
Les soulèvements peuvent être violents : en janvier 1879, une armée zoulou de 20 000 hommes entrent en guerre contre les Anglais qui cherchent à soumettre le royaume du souverain Cetewayo. Les Anglais sont vaincus et subissent une défaite retentissante qui précipite la soumission de l'Afrique australe. Très souvent, les conséquences de ces soulèvements sont un durcissement des formes d'encadrement et d'exploitation des populations, ainsi que la répression. C'est le cas, par exemple, à Madagascar où le gouverneur général Joseph Gallieni instaure le travail forcé des indigènes. La répression qu'il conduit contre la population et la cour royale entre 1896 et 1905 fera entre 100 000 et 700 000 victimes.