Cette carte manuscrite de 1780 établit un point détaillé des zones de traite des différents pays européens. Trois siècles après le début de la traite, l’activité des pays d’Europe dans le commerce de traite sur la côte occidentale de l’Afrique se manifeste par une multitude de points indiquant les lieux d’échange.
Les sites de traite apparaissent échelonnés sur trois mille cinq cents kilomètres de côte mais l’implantation européenne se limite à des aires privilégiées pour leur capacité économique : Sénégambie, Haute Guinée où se trouvent la Côte des graines et la Côte de l’ivoire ou Côte des dents, la Côte de l’or, la Côte des Esclaves, Golfe du Bénin, Golfe de Guinée et du Biafra, en Afrique centrale occidentale, et, vers le sud, le Congo et l’Angola.
Du Sénégal au delta du Niger, on compte alors 43 fortifications permettant aux Européens de pratiquer à terre le troc des marchandises apportées par les bateaux négriers contre des esclaves, dans des postes fixes. Nombreuses entre le Cap des Palmes et l’actuelle ville d’Abidjan, dans le golfe du Bénin, elles marquent la présence sur la Côte des Pointes de toutes les nations européennes.
A.Les forts
Depuis l’origine de la traite, les Européens ont cherché à sécuriser le négoce en établissant des forts, pourvus de « loges de Noirs », salles où ils étaient enfermés ou des comptoirs, où ils étaient parqués à couvert. Cette gravure réunit onze fortifications, parmi les plus anciennes d’Afrique, qui illustraient séparément un « Voyage de Guinée », paru à Utrecht en 1705. Les Européens rivalisent entre eux pour implanter des postes fixes où rassembler plus facilement les captifs et pratiquer le négoce dans de meilleures conditions.
Ces forts étaient quelquefois imposants comme Elmina ou Cape Coast (Cabo Cors) mais ne doivent pas faire illusion. De l’aveu même des capitaines négriers, les souverains locaux restaient les maîtres, obligeant les Européens à payer loyers et coutumes pour ces comptoirs fortifiés.
L’influence européenne est d’ailleurs largement fragmentée par les rivalités entre Européens ; le fort d’El-Mina, par exemple, a été longuement disputé entre les Portugais qui l’avait édifié, les Hollandais et les Anglais.
B.Les comptoirs
La carte anglaise de traite qui reprend les données d’un cartographe français, décrit les établissements de traite installés dans les zones fluviales du Sénégal et de la Gambie. Elle situe les « factories », comptoirs anglais sur lesquels flotte la croix de Saint-Georges, édifiés le long du cours de la Gambie, où les Anglais dominent de 1758 à 1783.
Sur le cours du Sénégal, les Français possèdent des forts et des comptoirs. Les négriers traitent avec les petits royaumes qui se trouvent souvent sous pression des Arabes. Ces états côtiers jouent un rôle économique majeur de courtiers, pour vendre les captifs en provenance de l’intérieur de l’Afrique aux négriers européens.
C.Les bateaux
Au large, croisent de nombreux bateaux apparemment de deux conceptions. Les grands trois-mâts peuvent transporter beaucoup de captifs, avec des cales suffisantes pour les réserves d’eau et de nourriture nécessaires à un grand nombre de personnes. Les rapides et fins voiliers aptes à une plus grande vitesse de marche, permettent de réduire la durée de la traversée, et donc la mortalité de la cargaison humaine.