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Histoire 3 EME

Chapitre 1 : le Capitalisme

III. Evolutions du capitalisme

A.Naissance de la bourgeoisie

                        Des embryons de bourgeoisie existent au sein du mode de production antique, mais régresse dans la période féodale. C'est aux 9e et 11e siècles que commence à émerger une bourgeoisie commerçante en Europe, qui s'enrichit d'abord lentement. A partir de la fin du 14e siècle, le sud de l'Europe, qui a plus de contacts avec le reste du monde, connaît un développement technique et culturel : redécouverte de la culture de l'Antiquité (via les Arabes), développement de l'imprimerie en 1440 (venue de Chine), manufactures de textile, innovations militaires (poudre), cartographie et caravelles... Les "grandes découvertes" et la progression du commerce européen vont alors s'auto-alimenter et s'accélérer : exploration et comptoirs en Afrique aux 14e-15e, découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, commerce triangulaire massif au 18e siècle...

                 Ce processus va conduire à une accentuation des luttes de classes entre bourgeoisie et noblesse, et déboucher sur des victoires politiques de plus en plus nombreuses et notamment de grandes révolutions bourgeoises comme en Angleterre au 16e siècle, ou en France en 1789. La bourgeoisie industrielle ne naît vraiment qu'au début du 19e siècle, mais c'est elle qui transforme radicalement le mode de production, donnant naissance au capitalisme.

B.Accumulation primitive et reproduction sociale

              Avec l'essor du capitalisme, de grandes familles bourgeoises se sont constituées, avec des fortunes colossales. Même si les grands groupes sont en général durables, des entreprises vivent et meurent, et il arrive que des entrepreneurs parviennent à s'enrichir à partir d'une innovation. Cependant les principaux investisseurs de capitaux (et donc les principaux actionnaires qui en tirent profit) restent majoritairement les mêmes capitalistes ayant hérité d'une fortune accumulée. Par ailleurs les entrepreneurs innovants sont eux-mêmes très rarement issus du prolétariat, et même s'ils n'ont pas eux-même hérités de moyens de production, ils héritent de nombreux avantages matériels et immatériels (capital culturel).

                      Par ailleurs, Marx consacre tout une partie du Capital à étudier les procédés qui ont permis aux premiers capitalistes de constituer leurs fortunes, bien au delà de ce qui est aujourd'hui accepté (enclosures, expulsion des paysans et prolétarisation souvent brutale des vagabonds, traite négrière, commerce inégal...). C'est ce que Marx appelait l'accumulation primitive du capital.

 

C.Industrialisation et naissance du prolétariat

                     En recherchant à réaliser toujours plus de profits, les capitalistes ont complètement réorganisé le travail et ont amorcé un processus d'augmentation continue de sa productivité. Cela s'est fait à la fois par des aspects organisationnels (regroupement de travailleurs dans des manufactures, coopération et division du travail...), et par l'utilisation de machines toujours plus puissantes. De grandes entreprises se sont formées en ruinant ou absorbant des plus petites (centralisation du capital).

L'industrialisation a profondément transformé les sociétés capitalistes. La paysannerie a drastiquement décliné, et une classe ouvrière toujours plus nombreuse s'est développée en parallèle de la bourgoisie industrielle. Les métiers ont évolué et la production industrielle moderne repose de plus en plus sur un secteur tertiaire massif, mais la majorité de la population dans les pays industrialisés correspond toujours au prolétariat, c'est-à-dire aux travailleurs obligés de vendre leur force de travail.

D.Mondialisation, libre-échange, protectionnisme

             Dès les années 1840, Marx et Engels relevaient que le capital avait une tendance à se mondialiser. Ils écrivaient dans le Manifeste communiste, en 1847 :

             « La grande industrie a fait naître le marché mondial, que la découverte de l’Amérique avait préparé. […] En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a dérobé le sol national sous les pieds de l’industrie ».

              Ils sont à l'origine globalement enthousiastes sur les effets destructeurs de ce processus sur les anciens régimes, vus comme des avancées rapides vers les conditions du socialisme. Mais ils vont ensuite davantage prendre en compte les effets négatifs, notamment la division internationale du travail qui place les pays moins industrialisés dans une situation d'oppression (impérialisme). Cette tendance à la mondialisation n'a pas cessé de se développer jusqu'à nos jours, même si elle connaît tantôt des accélérations par des politiques de libre-échange, tantôt des freinages par des politiques protectionnistes.

 

E.Stade impérialiste

           Vers le début du 20e siècle, beaucoup ont étudié les changements survenus dans le capitalisme, sur le plan économique comme politique. Les puissances impérialistes s'opposent entre elles et se partagent le monde, par exemple en 1885 à la Conférence de Berlin (13 États européens + États-Unis). Parmi les marxistes, certains s'efforcent,  avec différents points de vue, d'en faire une analyse systématique, notamment Lénine. L'idée d'un « stade impérialiste » s'est imposée dans l'Internationale communiste.

           Les principales caractéristiques de ce stade impérialiste et les conclusions politiques sont :

  • La centralisation du capital (trusts, cartels, monopoles...) atteint une ampleur nationale et devient très liée à l'Etat (« capitalisme monopoliste d'Etat »). La concurrence est largement déformée au profit de la grande bourgeoisie.
  • Le capital bancaire (crédit) fusionne avec le capital industriel, pour former un seul capital dominant, le capital financier.
  • Le capital financier cherche des débouchés et des sources de surprofit à l'étranger, conduisant les Etats à lutter pour se partager le monde.
  • Les surprofits des bourgeoisies impérialistes leur permettent littéralement d'acheter une partie des représentants des travailleurs (l'aristocratie ouvrière), nourrissant l'opportunisme et le réformisme dans les partis ouvriers.
  • Le partage du monde étant achevé, le repartage ne peut se faire que par des guerres impérialistes, comme les deux guerres mondiales.
  • Le stade impérialiste est aussi celui d'une tendance à la stagnation économique et à la réaction politique (« pourrissement du capitalisme »).

Les évolutions du 20e siècle ont soulevé de nombreux débats sur le stade actuel du capitalisme et les nouvelles analyses qui en sont faites, en particulier concernant la période des « 30 glorieuses » et le tournant néolibéral qui l'a suivie. Différentes visions existent à propos des crises du capitalisme, de l'idée de cycles, de « pourrissement » ou de crise finale d'effondrement...

 

F.Financiarisation

                Le capitalisme a très tôt connu un développement des grandes banques et des bourses. Au début du 20e siècle, les grandes entreprises deviennent des sociétés par actions et l'actionnariat prend de l'ampleur. Dans les années 1920, en particulier aux Etats-Unis, la financiarisation et les spéculations se développent largement. Après le krach de 1929 et durant la grande dépression, des mesures sont prises pour réguler ces activités. Mais ce n'est vraiment que pendant le redécollage de la croissance dans l'après-guerre que la financiarisation recule nettement. En revanche, à partir des années 1980, elle reprend de plus belle. Aujourd'hui les transactions sont 10 à 100 fois supérieures aux échanges réels de marchandises. Cependant, si la somme des titres financiers s'écarte trop de ce que l'accumulation réelle de capital permet, le système s'expose de plus en plus à des vagues de paniques, qui entraînent à leur suite des vagues de faillites. La grande crise de 2008 a été contenue par une gigantesque injection d'argent public pour relancer la confiance des spéculateurs et donc la bulle. Mais au prix d'un bond énorme des dettes publiques, donc d'une aggravation des contradictions sociales, et d'une future crise.

par Claude Foumtum


Histoire 3 EME



Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier au XIX° siècle.



Chapitre 5 : LES DOCTRINES SOCIALES : SOCIALISME ET SYNDICALISME

Chapitre 6 : La première guerre mondiale et les conséquences




Chapitre 10 : Les mouvements nationalistes en Asie



Chapitre 13 : Cameroun: Etat unitaire et Etat fédéral


Chapitre 15 : Les relations internationales entre les deux guerres: la montée du fascisme (Italie, Allemagne)