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cours d anathomie

chap 1 l histoire de l anatomie

HISTOIRE DE L ANATHOMIE
  1. HISTOIRE DE L’ANATOMIE :

L'histoire de l'anatomie se caractérise par la compréhension progressive des fonctions des organes et des structures du corps humain. Au cours des derniers siècles, les méthodes d'observation ont évolué de manière significative, de la dissection des carcasses et des cadavres aux techniques modernes d'imagerie médicale, y compris la radiographie, l'échographie et l'imagerie par résonance magnétique.

      1. Histoire primitive :

La connaissance élémentaire de l'anatomie animale pour une dissection utilitaire (découpe du gibier, prélèvement des peaux, de certains os, des tendons, des intestins) est ancienne.

Au cours du paléolithique supérieur (-30 000 ans) apparaissent les premières représentations graphiques, surtout animales et parfois humaines (Venus de Lespugue). C'est un début d'analyse des formes. Il s'établit une ébauche de relation entre l'anatomie et la pathologie.

L'archéologie a ainsi mis en évidence sur fragments osseux humains des trépanations réalisées y compris sur des sujets vivants. Ceci témoigne d'une connaissance anatomique même sommaire du crâne et de son contenu et d'une pratique anatomique au sens de manipulation des corps vivants ou morts.

      1. Epoque antique :
  • En Mésopotamie : vers 3500 av. J.-C., le savoir anatomique est au service de l'art divinatoire. L'analyse des viscères d'animaux sacrifiés a des valeurs prédictives très diverses (météo, récoltes, issue d'une bataille…). Le cœur est le siège de l'intelligence, le sang représente la vie, la forme des lobes hépatiques prédit le destin. Le médecin est aussi prêtre et devin.
  • En Égypte : la connaissance anatomique est essentielle à la technique d'embaumement, autant qu'à la pratique médico-chirurgicale. Certains papyrus (comme le papyrus Edwin Smith ou le papyrus Ebers, écrits aux alentours du xvie siècle av. J.-C.) contiennent les descriptions anatomiques médicales les plus anciennes attestées à ce jour.
  • En Grèce antique : la dissection des défunts est interdite, les observations sont faites sur des animaux. Les Grecs du ive siècle av. J.-C. (Platon) développent la réflexion, le discours, le raisonnement, mais ne sont pas des scientifiques (exemple de raisonnement : la forme parfaite est la sphère, la tête humaine a globalement une forme de sphère…, c'est ainsi que s'élabore la théorie du microcosme). Pour Hippocrate, la santé et la maladie sont matière à penser, à interpréter et raisonner, mais il reste plus dans le domaine de la philosophie que de la science. Hippocrate, contemporain de Platon est un mauvais anatomiste, certes le cœur est le siège de la circulation, mais la physiologie est fausse : « le cerveau est le siège de l'intelligence parce que la tête est sphèrique ».
  • L'essor anatomique à Alexandrie : Hérophile et Érasistrate, deux savants grecs, sont considérés comme les fondateurs de l'anatomie. Leurs travaux prennent place en Égypte antique, où ils ont été invités par Ptolémée Soter 2. Il se crée le Musée, au sens de centre de recherche, et la bibliothèque. Hérophile (340 av. J.-C.) décrit de nombreuses structures : le cerveau, les méninges, les sinus veineux de la base du crâne, les nerfs crâniens…Érasistrate (320 av. J.-C.) pratique environ 600 dissections, il décrit les valvules du cœur, il distingue les nerfs moteurs des nerfs sensitifs et suppose que l'intelligence est proportionnelle au nombre de circonvolutions cérébrales… Mais l'incendie de la bibliothèque (en 47 av. J.-C.) et la conquête romaine de l'Égypte entraînent un déclin des recherches anatomiques.
  • L'Empire romain : Galien (130 apr. J.-C.) est plus médecin que chirurgien, il pratique des dissections sur le singe, peut-être sur des gladiateurs ; il décrit : les fonctions des muscles et des articulations, les viscères thoraciques, le tronc cérébral…Mais les dissections humaines seront interdites sous Marc Aurèle, et pendant 10 siècles l'œuvre de Galien sera copiée, sans vérification et sans progrès.
  • L'anatomie au Moyen Âge : il n'y a pas de recherche structurée, ni de développement médical et chirurgical. En Andalousie, quelques textes latins et grecs sont transcrits, avec souvent une exégèse accommodée aux contraintes religieuses. À Salerne (ixe siècle) puis à BologneMontpellier et Paris, des privilèges sont accordés par l'Église à des confréries, pour des dissections sur des corps de suppliciés, mais on se limite à des commentaires selon Galien, il n'y a pas d'étude anatomique[réf. nécessaire].

Ultérieurement des chirurgiens demandent le recours à l'étude par la dissection et non plus le commentaire (Henri de MondevilleGuy de Chauliac). La permission du duc d'Anjou (en 1376), améliore ces conditions. Mais surtout les papes Sixte IV et Clément VII favorisent et recommandent les dissections pour l'étude médicale.

Les dissections humaines durant le Moyen Âge n'était pas interdites par l'Église. Les autopsies pour trouver des causes de décès ainsi que les leçons publiques notamment de la renaissance et du xviie siècle n'étaient pas interdites, l'Église étant même présente. Seuls les dissections privées sans but heuristique précis étaient interdites1. Pour Vincent Barras, l'Église n'a pas interdit la pratique de la dissection. « C'est une sorte de mythe qui court ». L'Église a toujours encadré le contexte anthropologique par exemple en interdisant le démembrement des corps.

      1. Les bases théoriques :
  • L'anatomie de la Renaissance :
  • Étude de Léonard de Vinci sur les positions du bras, vers 1510.
  • André Vésale, né à Bruxelles le 31 décembre 1514, bouleverse la connaissance anatomique. né dans une famille dont plusieurs générations de médecins se sont succédé à la cour de Bruxelles depuis Charles le Téméraire jusqu'à Charles Quint, il bénéficie donc d'une tradition familiale qui lui permet d'enfreindre les interdits et les peurs qui règnent dans l'esprit de la plus grande partie de la population au sujet du corps humain et, encore adolescent, il commence à étudier les corps de suppliciés qu'il dérobe sur le Galgenberg, « mont des potences » où sera édifié, au xixe siècle, le Palais de justice et qui domine alors sa maison située dans l'actuelle rue des Minimes, puis il étudie à ParisPadoueBâle
    Il décrit l'homme « à partir de l'homme vivant ou qui a vécu », il publie un ouvrage de référence: 
    De humani corporis fabrica illustré de représentations graphiques par Jean Calcar (élève de Titien) ; c'est un recueil d'anatomie descriptive, topographique, fonctionnelle et biomécanique.
    Suspecté par l'Inquisition à cause de ses dissections de corps humains qui, malgré les autorisations des papes 
    Sixte IV, en 1472, ou Clément VII, au xvie siècle3, transgressent les interdits religieux de ses juges, il échappe à une condamnation comme hérétique. Il le doit à la position qu'il avait occupée dans sa jeunesse à la cour de Bruxelles, comme médecin de l'empereur Charles Quint. Frappé de la peine d'un pèlerinage à Jérusalem, il meurt pendant son voyage de retour de Palestine, lorsque le navire qui le transporte fait naufrage au large de l'île de Zante sur laquelle il parvient à se réfugier, mais pour y mourir du typhus le 15 octobre 1564.
  • Charles Estienne qui publie en 1545 De Dissectione partium corporis humani, traduit en français en 1546 sous le titre de La Dissection des parties du Corps humain ;
  • de Jacques Dubois, dit Jacobus Sylvius, maître puis adversaire de Vésale, qui corrige de nombreuses erreurs ;
  • d'Ambroise Paré qui écrit en 1561 l'anatomie universelle et établit un rapprochement très bénéfique avec les chirurgiens.
    Les écoles italiennes s'illustrent par de nombreux travaux : Gabriel Fallope à Padoue décrit la trompe utérine et le nerf facial. À Bologne se succèdent : Bérenger Da CarpiCostanzo VaroleArantius et Barthélémy Eustache.
    Pendant ce xvie siècle, l'imprimerie va faciliter la diffusion, mais surtout la collaboration des artistes avec les anatomistes et le monde médical va rendre très performantes les représentations anatomiques (Léonard de VinciMichel-AngePaul Véronèse).
  • L'anatomie au XVIIe siècle :
  • La leçon d'anatomie du docteur Tulp, par Rembrandt, 1632.
  • Si au siècle précédent le travail était basé sur l'observation et la dissection, au xviie siècle on passe à l'étude microscopique.

  • William Harvey (1625) démontre la circulation sanguine. Malpighi découvre les vaisseaux capillairesSténon démontre la contraction musculaire cardiaque. C'est le début d'une anatomie physiologique et fonctionnelle.
  • Aselli découvre la circulation lymphatique, Pecquet, puis Rudbeck et Bartholin démontrent la totalité de cette circulation.
  • À la fin du xviie siècle, le corps humain fonctionne comme une mécanique organisée et autonome.

  • Pierre Dionis fut, en France, le diffuseur des thèses de William Harvey, publiant en 1690 L'Anatomie de l'homme suivant la circulation du sang et les dernières découvertes, qui sera le livre de base des chirurgiens jusqu'à la seconde moitié du xviiie siècle.
  • Pendant le XVIIIe siècle :
  • Illustration anatomique publié sur les Acta Eruditorum du 1691
  • Avec l’Exposition anatomique de la structure du corps humain, publié en 1732, paraît le premier traité scientifique d'anatomie descriptive,

  • Jacques-Bénigne Winslow est le créateur d'une description du corps humain, non seulement structurale mais aussi fonctionnelle, exposée avec une méthode rigoureuse.
    L'anatomophysiologie (relation entre la structure et la fonction) se d&e
par Claude Foumtum