- Une mosaïque ethnique
Les Russes sont largement majoritaires (ils composent plus de 80% de la population) mais du fait de l'Histoire, 25 millions de Russes vivent à l'extérieur des frontières tandis que les peuples minoritaires, souvent islamisés, représentent tout de même 30 millions d'habitants sur le territoire russe. La diversité de ces peuples est grande même si la plupart sont d'origine turco-mongole.
Cette diversité ethnique et religieuse (opposition entre l'Islam et la religion orthodoxe traditionnelle des Russes, malgré l'oppression religieuse sous le régime soviétique) est une source de tensions et d'instabilité politique importante. La fédération de Russie composée de 89 unités doit faire face à des revendications nationalistes affirmées. Ainsi, la guerre de Tchétchénie qui a éclaté en 1994 témoigne de la vigueur de ces tensions et des risques de rupture qu'elles peuvent générer. La République de Sakha ou du Tatarstan militent elles aussi pour leur indépendance. La Russie devra-t-elle faire face à un nouvel éclatement territorial ?
- L'inégale répartition de la population
Elle est aussi une des sources de tension car elle est intimement liée à une exploitation du territoire très inégale et à des conditions économiques tout aussi différenciées que nous examinerons dans un second temps. Comme en Chine, les inégalités de peuplement sont telles que la densité moyenne d'un peu moins de 9 habitants par Km2 n'est pas du tout significative. En effet, plus des 3/4 des Russes se concentrent sur la Russie d'Europe, soit à peine un quart de la superficie totale. A l'opposé, sur 2/3 du territoire, la densité est de moins de 1 habitant par Km2. Au-delà de l'Oural, les densités se réduisent en effet de façon drastique et la zone de peuplement se limite à une bande étroite le long du Transsibérien.
Cette répartition très inégale de la population traduit directement l'échec des tentatives de prise de possession et de peuplement des espaces hostiles en Russie engagées d'abord par le Tsar puis par le pouvoir soviétique. Un autre échec à mettre à l'actif des autorités réside dans la dénatalité aiguë qui touche la Russie actuellement. L'indice de fécondité est un des plus bas au monde (1, 2 enfants par femme), celui du Canada qui est déjà exceptionnellement bas étant de 1, 5 enfants par femme. Ce taux de natalité ne risque pas de remonter compte tenu des difficultés économiques et sociales de la Russie actuellement et ne risque pas non plus d'accélérer le peuplement des zones vides du territoire.
- Une très grande disparité entre les régions
Le résultat de la non-maîtrise de l'immensité du territoire et de ce peuplement très inégal est la disparité très forte qui existe entre les différentes régions russes.
- Le centre maîtrisé dominé par Moscou
La région qui entoure la ligne Saint-Pétersbourg - Moscou - Rostov est la plus densément peuplée. C'est la seule portion de territoire vraiment maîtrisée et développée. Le réseau de transport y est relativement dense, l'administration relativement efficace. Moscou et Saint-Pétersbourg en constituent les deux grands pôles dominants avec respectivement 9 et 5 millions d'habitants.
- Les marges du Centre, les régions de la Volga et de l'Oural
Elles restent assez développées. En effet, ce sont des pôles industriels essentiels du pays. Ils sont constitués d'immenses complexes industriels bâtis autour de centres urbains imposants comme Nijni Novgorod.
- Les périphéries délaissées
Jadis alimentées par la colonisation d'Etat, les régions du Grand Nord, de la Sibérie et les marges caucasiennes sont aujourd'hui délaissées et s'éloignent du pouvoir central.