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Cours de Theologie

Chap 8 HISTOIRE DU CHRISTIANISME

LE CHRISTIANISME DEVIENT RELIGION D ETAT (313-590)

L’empereur romain Constantin instaure la liberté religieuse et favorise le christianisme (313)  La liberté d’être chrétien : Avant une bataille importante, l’empereur Constantin eut une vision de la croix, accompagnée d’un ordre : « Remporte la victoire par ce signe ». La victoire dans la bataille le confirme dans sa foi dans l’efficacité de ce signe et scelle son amitié avec les chrétiens. Il promulgue un édit de tolérance à Milan en 313. Les persécutions cessent. L’intérêt à devenir chrétien : Le christianisme devient la religion officielle de l’empire. On tend à se convertir par intérêt plutôt que par conviction personnelle.  Le clergé n’est plus taxé et son nombre augmente rapidement. La construction d’églises est subsidiée. On s’y précipite. Le christianisme précise pour lui-même qui était Jésus

Controverses christologiques

  • La controverse arienne : Arius, un prêtre d’Alexandrie nie la divinité de Jésus-Christ et le considère comme le premier être créé. Il est opposé par un jeune diacre, Athanase. Cette question théologique touchait à l’essence-même du christianisme : la personne de Jésus. L’unité politique de l’empire sous Constantin permit la tenue d’un premier concile général d’évêques à Nicée pour en discuter. Celui-ci adopte un symbole en 325 qui proclame que Jésus-Christ est Dieu le Fils, qui a préexisté éternellement, engendré et non créé et qui est d’une même substance avec le Père. Il s’en suit une succession malheureuse d’anathèmes, de destitutions, d’exils, d’amnisties, et même de violences jusqu’en 381 quand l’empereur Théodose convoque un concile à Constantinople. Celui-ci confirme la formule de Nicée en précisant la divinité du Saint-Esprit et la distinction des personnes de la Trinité.

 

  • La controverse sur les deux natures du Christ : Il y avait un consensus que Jésus était vrai Dieu et vrai homme. Mais quelle était la relation entre ces deux natures ? L’évêque Nestorius considérait qu’elles étaient juxtaposées, sans véritable union, au point de former deux personnalités. Le moine Eutychès affirmait  que sa nature humaine était absorbée par sa nature divine, de sorte que les deux étaient confondues. Le concile de Chalcédoine (451) confessa les deux natures du Christ « sans confusion, sans transformation, sans division, sans séparation ». L’âpreté de ces discussions théologiques peut surprendre. Elle provenait de la profondeur des convictions, et de l’importance qu’on attachait à comprendre qui était Jésus.  Théodose impose le christianisme comme l’unique religion de l’empire  (Edit de 380) Le danger de ne pas être chrétien. On interdit le culte païen et on en détruit les statues et les temples. Les non-chrétiens sont exclus des postes politiques. On oblige les païens à être baptisés et à assister à l’office. On ne les évangélise plus, on les combat. L’Eglise persécutée devint l’Eglise persécutrice. C’est l’erreur théocratique. Tous sont chrétiens d’office. L’Eglise est unie à l’Etat ; elle devient une Eglise de multitude. Le chômage le dimanche est obligatoire. Les différences entre la société séculière et l’Eglise s’estompent. L’Eglise se mondanise. Un synode en 384 impose le célibat des prêtres. La distinction entre le clergé et les «laïcs » se creuse. Ces derniers se contentent d’une piété médiocre et de forme. Ils sont marginalisés. L’Eglise des fidèles devient celle des clercs. Le christianisme authentique se maintient grâce à des prédicateurs et des érudits tels :
  • Martin de Tours (397) Missionnaire, il gagne et instruit les païens par la douceur, déploie une action humanitaire, et se fait le défenseur des pauvres et des opprimés.
  • Ambroise de Milan (397) Evêque, il défend la doctrine de la trinité et celle de la mort du Christ comme satisfaction surabondante. Sa prédication y fut pour beaucoup dans la conversion d’Augustin. Il se distingue par sa fermeté doctrinale et sa piété.
  • Jean Chrysostome (407) Orateur hors pair (Son surnom signifie « bouche d’or »), il est attaché à l’Ecriture et en fait une exégèse solide. Il recrute et envoie des missionnaires.
  • Jérôme (419) : D’une grande érudition, il traduit la Bible en latin (La Vulgate) et rejette les apocryphes. Le catholicisme les accepte au concile de Trente (1564) contre l’avis des experts.
  • Augustin : Né en Afrique du Nord, il se rend à Milan où il se convertit après une vie dissolue. Rentré en Afrique, il est nommé évêque d’Hippone. Il s’oppose à la conversion par la force. Théologien hors pair et animé d’une grande ferveur, il compose plus de cent ouvrages, dont ses Confessions, et la Cité de Dieu, qui est une philosophie de l’histoire, que Dieu dirige. 
  • Patrick (460) Missionnaire anglais en Irlande, il est attaché à la Bible, va où il n’y a pas de chrétiens, baptise des milliers d’Irlandais, devient évêque et consacre de nombreux prêtres.

         Grâce à de tels individus remarquables, le Christianisme continue d’avoir une influence bienfaisante : Il favorise le respect des femmes et des enfants, la fidélité dans le mariage monogamique, l’aide aux orphelins, étrangers, veufs, malades, prisonniers et pauvres. Il s’oppose à l’infanticide, à la débauche, et aux excès en tous genres. Il stabilise la société. 

 Le Christianisme ne s’est pas borné à avoir une influence sur son milieu ; il l’a subit aussi. 

     L’empire : L’évêché de Rome se situait dans la capitale de l’empire, pouvoir centralisé absolu, hiérarchisé, coiffé par le Pontife Maximus. Ce fait, et non une réflexion théologique,  a contribué à ce que les structures de l’empire deviennent celles de l’institution ecclésiastique et que l’évêque de Rome devienne le pape. Léon 1er, le Grand, se dit le successeur de Pierre, base sa primauté sur les paroles de Jésus à Pierre (Mat.16 :18-20) et est surnommé le premier pape en 440. Les diocèses correspondent aux circonscriptions administratives et politiques.  Le judaïsme : La loi de Moïse apporte l’esprit légaliste et le droit canon. La prêtrise d’Aaron nourrit le cléricalisme et creuse la différence entre prêtres et laïcs. Les sacrifices expiatoires quotidiens de l’Ancienne Alliance deviennent le sacrifice perpétuel de la messe et justifient l’efficacité du sacrement. L’institution visible devient le seul dépositaire des moyens de grâce.  Le paganisme : On construit des églises sur des sites de temples païens, comme celle à Ephèse en l’honneur de la Vierge Marie sur celui de la déesse vierge, Diane. C’est là qu’en 431, un synode désigne Marie officiellement comme la Mère de Dieu. A Sienne, le temple de Quirinus devient l’Eglise de St. Quirino. Il se crée une confusion et un mélange quand l’attachement de la population à un lieu ou à un personnage païen est transféré à un remplaçant chrétien. Le culte de Marie, des apôtres et des martyrs se substitue à l’ancien polythéisme. On fait des statues et on se prosterne. Le paganisme persiste sous une forme déguisée. Le monde entre dans l’Eglise. Le monachisme réagit à la sécularisation d’un christianisme politico-socio-culturel  La pureté de l’Eglise étant menacée, ceux qui désespéraient de transformer la société et de résister à la décadence ambiante, cherchent un refuge en se retirant du monde pour mieux se conformer aux enseignements du Christ. C’était un réflexe compréhensible, mais contraire à la pensée de Jésus qui avait dit : « Je ne te prie pas de les ôter du monde mais de les préserver du mal » (Jean 17 :15). Très tôt, ils se réunirent en communautés (couvents, de conventus : assemblées) en s’imposant certaines règles. On prêtait des vœux de pauvreté et de chasteté. Patrick fonde de nombreux couvents en Irlande qui étaient autant de centres d’évangélisation. Son successeur, Colomban, fait de même en Gaule et en Italie. Ils prêchent les Ecritures en langue vulgaire et se sentent assez indépendants de la papauté. Les évêques s’en méfient. Benoît de Nursie fonde un monastère à Mont-Cassin et compose une règle sévère. Il ajoute un troisième vœu, celui de l’obéissance absolue au supérieur. Les Bénédictins se répandent dans toute l’Europe. Ils défrichent des régions sauvages et forment des foyers de vie intellectuelle. Les invasions germaniques sont une menace et une opportunité pour le christianisme. Le Nord de l’Europe avait été très superficiellement christianisé par Ulphilas, un adepte de  l’Arianisme (négation de la divinité du Christ). Quand un roi se convertissait, ses sujets faisaient de même, en masse. La foi du prince devenait la foi du peuple. La plupart des Germains étaient Ariens. Quand Visigoths, Burgondes, Vandales et Ostrogoths envahissent tous l’empire d’Occident, celui-ci s’effondre, et le dernier empereur est destitué en 476. Le terme « pape » étant venu à s’appliquer  uniquement à l’évêque de Rome, son prestige assure désormais la cohésion de la société, et il devient le premier personnage de Rome. Et sa foi en la trinité permet que ces peuples soient gagnés à une vue plus juste de la personne de Jésus. 

par Pasteur Paquis Entcheu
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