Cours De Litterature
Presentation et etudes des differents genres litteraires
Vers la fin des genres ? Modernite et violation des genres : l hybridation generiqueDes questions traditionnelles telles que « cet œuvre est-elle une tragédie ou une comédie, un roman ou un essai, un poème épique ou lyrique ? » ne semblent plus pertinentes aujourd’hui car il est difficile voire impossible de rendre compte des œuvres contemporaines à partir de la grille des genres. En effet, depuis l’avènement du romantique au XIXes, l’idée de dépassement et transgression des genres sont à la mode en littérature. La recherche de l’universalité et de synthèse à amener les premiers romantiques à réunir les genres séparés autours des formes supérieures et englobantes telles que les poèmes en prose, visibles dans la poésie symbolique de Mallarmé, les calligrammes de Guillaume Apollinaire.
Au théâtre, le mélodrame (drame populaire au XIXes qui se présente en prose et accentue les faits pathétiques. Il laisse transparaitre le mélange des genres entre la musique et le théâtre. Le dénouement est heureux) et le drame romantique retrouvent et prolongent cette aspiration à l’hétérogénéité et à la synthèse des genres.
La violation des genres est fortement observée dans les différents genres à partir du XXes avec la postmodernité qui remettait en cause les principes de la modernité qui se voulait immanente et totalitaire. Cette transgression des règles liées au genre à donner naissance à la notion d’hybridité qui est l’ensemble des œuvres littéraires apparemment inclassable dans le système des genres. L’hybridité en littérature désigne des œuvres pluridisciplinaires qui prônent une conception littéraire anti-essentialiste, mouvante et dynamique des genres. Dès lors, on se demande comment à évoluer le concept littéraire de l’hybridité : est-il une caractéristique voulue par l’auteur ou un produit de la réception du lecteur à une époque donné ? Comment les textes hybrides s’éloignent, s’émancipent des normes établies au genre classique ?
- L’hybridité générique : vers une fin des genres classiques ?
Depuis quelques décennies, des réflexions menées sur l’aspect dynamique et hétérogène des genres sont à l’origine de la création du concept d’hybridité générique. On retrouve des œuvres qui embrassent tous les genres classiques, les noyant dans un même texte littéraire. Cette hybridité générique commence avec le nouveau roman qui réfutait déjà tous les principes, les règles et normes liés aux genres littéraires. Aujourd’hui, cette notion prend de l’ampleur dans les littératures francophones contemporaines encore appelées « Nouvelles écritures » qui mettent en exergue une pluralité de genres. Leurs écrits revendiquent une forme d’hybridité farouche, en ceci que cette dernière est source de modernité. Elle permet d’appréhender le caractère composite de l’esthétique littéraire actuelle. En effet, dans le roman les Tambours de la mémoire de Boubacar Boris Diop, on retrouve plusieurs genres qui s’imbriquent à savoir, l’épopée, le théâtre, la nouvelle et la poésie. Chez ce dernier, l’utilisation de l’épopée témoigne du désir de célébrer l’image des grandes figures historiques et mythiques du peuple noir. Ainsi, à la question de savoir si l’hybridité est un choix de l’auteur, on répondrait par l’affirmatif car ceci témoigne soit, de son désir de passer son message autrement soit de celui de s’affranchir des normes esthétiques qui limitent la création littéraire. Dès lors, les textes hybrides s’éloignent, s’émancipent des normes établies au genre classique en s’imbriquant, en empruntant à chaque genre des caractéristiques qui leur son propre pour créer de nouvelles formes dites hybrides qui sont des lieux commun des poétiques à la fois classiques, humanistes et postmodernes.
- Quelques œuvres hybrides.
- Tambours de la mémoire, Boubacar Boris Diop, 1987
- De l’autre côté du regard, Ken Bugul, 2002
- L’astrée, honoré d’Urfé, 1607-1627
- Lai de l’oiselet, XIIIes et XIVes
- La bague d’Annibal, Jules Barbey d’Aurevilly, 1842