Encore appelée déconstructionnisme, la déconstruction est une méthode d’étude née durant les années 1960 et théorisée par les penseurs de la French Theory.
Cette pratique d’analyse textuelle s’exerce sur de nombreux types d’écrits à savoir philosophiques, littéraires ou journalistiques, pour révéler les décalages et confusions de sens qu’ils font apparaitre par une lecture centrée sur les postulats, sous-entendus et des omissions dévoilées par le texte lui-même. Ultérieurement utilisé par Heidegger pour la première fois, le terme déconstruction a pris toute sa forme et ampleur avec l’œuvre de Derrida De la grammatologie, qui a systématisée l’usage et qui a théorisé la pratique.
La théorie de la déconstruction de Derrida se propose de remettre en cause le fixisme de la structure, des choses, des valeurs, pour proposer une absence de structure, de centre, de sens univoque. Ainsi, il est important pour Derrida de rejeter toutes les oppositions sur lesquelles tout le raisonnement logique du monde était fondé, à savoir les dichotomies signifiant/signifié, âme/corps, bien/mal, homme/femme et blanc/noir. Il sera question de dénaturaliser la nature des rapports que ces parités entretiennent, la place octroyée à l’un comme à l’autre car ces dualismes ne sont jamais équivalents, mais hiérarchisés. Un pôle (signifiant, âme, bien, homme, blanc) est privilégié et l’on lui attribue des qualités positives d’originalité au dépend du second (signifié, corps, mal, femme, noir) qui est relégué au second plan, à un statut dérivé.
En ce qui concerne sa démarche, il est important de noter que la déconstruction n’est pas destruction mais plutôt une nouvelle construction et elle s’effectue en deux temps :
- Une première phase de renversement, ceci par la destruction du rapport de force dans le couple hiérarchisé. Dans un premier temps, l’écriture doit primer sur la parole, la femme sur l’homme et le noir sur le blanc. Ce renversement permet un rééquilibre des forces en actions afin de mieux envisager un issu de changement.
- Une deuxième phase de neutralisation, elle consiste à abandonner les significations antérieures, ancrées dans cette pensée duelle en arrachant le terme valorisé à la logique binaire. Ce qui donne lieu à des termes déconstruits de nature indécidable, inclassables et qui amalgament deux pôles auparavant opposés.