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Cours De Litterature

Etudes Des Genres litteraires

La Poesie

L’étude de la poésie repose sur un ensemble d’informations méthodologiques à appliquer à un poème à savoir la versification (les groupements de vers et les formes fixes, la structure du texte ou la métrique, les figures de rhétoriques, etc.

 

  1. La versification

 

Le vers est la disposition ou l’arrangement particulier des éléments d’un texte poétique. Il se caractérise par la présence des rythmes, des sonorités et des blancs typographique (espace existantes entre deux vers).

On distingue trois variétés de vers, le vers régulier et le vers libre et le vers irrégulier.

 

  1. Le vers régulier 

Un vers est dit régulier lorsqu’il respecte des règles. Ces règles impliquent le décompte des syllabes, la prise en compte du e-muet, les diérèses et les synérèses, l’interdiction de le hiatus, les règles de la rime, le respect des césures et bien d’autres. Les règles de versification ne sont pas fixes et changent selon les époques, c’est ainsi qu’on trouvera plusieurs formes de vers réguliers notamment le vers régulier médiéval qui se caractérise par l’invention des règles de base de la versification poétique notamment le décompte des syllabe, la césure et la rime. De plus, l’on note le vers régulier baroque qui se distingue par l’alternance des rimes masculines et féminines. De même, le vers régulier classique qui proscrit le hiatus, le traitement des e-muets, l’interdiction des rejets et des enjambements. Quant au vers régulier romantique qui est la dernière forme de vers régulier, il y’a enrichissement des rimes et de déniaisement de l’alexandrin. C’est cette invention de nouvelles formes de règles en versification qui donna progressivement naissance au vers dit libre.

 

 

  1. Le vers libre ou libéré 

Il est la marque ou la représentation de la rupture d’avec les règles de la métrique traditionnelle classique. Ce type de vers favorise l’invention de nouvelles voies d’expressivité. Ainsi, c’est un vers qui n’obéit à aucune structure régulière, absence de mètre, de rimes ni de strophes. Ce besoin de s’affranchir des règles classiques ne l’empêche pas de conserver cependant quelques caractéristiques du vers régulier à savoir la présence des alinéas d’une longueur inférieur à la phrase, des majuscules en début de vers mais pas toujours, des espaces entre les strophes, des enjambements, les sonorités et des anaphores. Ainsi, le poète écrit selon sa sensibilité et ajoute ou omet les éléments de la versification selon son entendement.

 

  1. Le vers irrégulier

C’est une forme plus radicale du vers libre, une sorte de continuité. Le vers irrégulier s’oppose au vers régulier et ne respecte aucune forme de versification. Le poète se fit à son jugement personnel pour écrire son poème, il refuse toute forme de contraintes.

 

  1. Les formes de vers

 

  • Le vers pair : il a un nombre pair de syllabes (2, 4, 6, 8, 10,12…)
  • Le vers impair : il a un nombre impair de syllabes (3, 5, 7, 9, 11,13)
  • Le vers simple : c’est un vers court qui n’a pas de césure
  • Le vers composée : c’est un vers long de 8 syllabes voir plus et qui a une césure.

 

 

  1. Les différents types de vers

 

  • Monomètre  ou monosyllabe : vers d’une syllabe

Ex : Meurt !

 

  • Dissyllabe : vers de deux syllabes

Ex : Ce/soir !

  • Trisyllabe: vers de trois syllabes

Ex: Oui/ re/vient !


 

  • Quadrisyllabe ou tétrasyllabe : vers de quatre syllabes

Ex : La/vie, /re/vient !

 

  • Pentasyllabe: vers de cinq syllabes

Ex : Dans/ce/jus/van/té

 

  • Hexasyllabe: vers de six syllabes

Ex : Des/dons/les/plus/ra/res

 

  • Heptasyllabe: vers de sept syllabes

Ex : Les/a/mours/sont/dé/sar/més

 

  • Octosyllabe: vers de huit syllabes

Ex : Ces/sons/de/crain/dre/les/pei/nes

 

  • Ennéasyllabe: vers de neuf syllabes

Ex : Du/haut/bois/et/des/chan/son/net/tes

 

  • Décasyllabe : vers de dix syllabes

Ex : Dans/le/vieux/parc/so/li/tai/re et/gla/cé

 

  • Hendécasyllabe: vers d’onze syllabes

Ex : Leurs/yeux/sont/morts/et/leurs/lè/vres/sont/mol/les

 

  • Alexandrin ou dodécasyllabe : vers de douze syllabes

Ex : Bois/som/bre/, qui/du/jour/bra/ves/les/feux/ja/loux

 

 

 

 

  1. Les regroupements de vers (les strophes)

On parle de regroupement de vers pour désigner la construction en strophes des vers. Une strophe est l’ensemble constitué par un nombre limité de vers, avec une disposition régulière des rimes et des mètres qui peuvent se succéder indéfiniment. En générale, la strophe comprend quatre à quatorze vers et la structure choisie par le poète dans sa première strophe est souvent celle qu’il respecte tout au long du poème. Le sens doit être complet à la fin de chaque strophe. Une strophe ne doit pas s’achever par la même nature de rime que celle de la strophe suivante. En d’autres termes, si une strophe s’achève par une rime féminine, la suivante doit commencer par une rime masculine. De manière générale,  à partir de la strophe quatre jusqu’à la dixième,  on peut noter une forte variation des rimes ou de leur genre. Ainsi, il n’y a pas de bornes et le poète peut exprimer sa liberté d’écriture en tenant cependant en compte le respect des règles générales liées aux strophes.

 

  • Distique

La distique est une strophe qui se compose de deux vers et est construite sur une seule rime (AA) et est isométrique. Elle s’emploie rarement seule.

 

Ex : Qu’il était bleu, le ciel et grand l’espoir !

        L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

 

  • Tercet

Une strophe qui comporte trois vers s’appelle un tercet. On l’emploie généralement dans des poèmes à forme fixe et est construite sur une seule rime (AAA)

 

Ex : Quel bonheur !quelle victoire !

        Quel triomphe !quelle gloire !

        Les amours sont désarmés.

 

  • Quatrain

C’est une strophe de quatre vers. Cette strophe est très prisée et s’emploie avec d’autres strophes de nature différentes. Elle se construit sur deux rimes à savoir (ABAB ou ABBA).

 

Ex : Des dons les plus rares

        Tu combles les cieux ;

        C’est toi qui prépares

        Le nectar des dieux.  J.-B. ROUSSEAU

 

  • Quintin

C’est une strophe formée de cinq vers. Encore appelé cinquain, il est construite sur deux rimes (ABAAB ou AABAB ou ABBBA).

 

Ex : Dans une froide plaine assise,

        Est une chétive maison,

        Où jamais ne fut vu tison,

        Et qui ne peut parer la bise

        Que par quelque faible cloison.

 

  • Sizain

C’est une strophe de six vers. Elle se construite soit sur deux rimes (ABBABA) ou sur trois rimes (AABCCB). On l’appelle encore sixain.

 

Ex : Dans leur course vagabonde

        Les mortels sont entrainés,

        Frêles vaisseaux que sur l’onde

        Battent les vents mutilés,

        Et dans l’océan du monde

        Au naufrage destiné. VOLT

 

  • Septain

Le septain est une strophe constituée de sept vers et est généralement construite sur trois rimes (ABABCCB ou ABBACAC ou AABCBCB ou ABBACCA)

 

Ex : C’est ainsi que du jeune Atride

       On vit l’éloquente douleur

       Intéresser dans son malheur

       Les Grecs assemblés en Aulide

       Et d’une noble ambition,

       Armer leur colère intrépide

       Pour la conquête d’Ilion.  ROUSS

 

 

  • Huitain

Strophe de huit vers, le huitain se construit sur trois rimes (AAABCCCB, ABABCDCD)

 

Ex : Par les ravages du tonnerre

       Nous verrions les champs moissonnés

       Et des entrailles de la terre

       Les plus hauts monts déracinés ;

       Nos yeux verraient leur masse aride,

       Transportée au milieu des airs,

       Tomber d’une chute rapide

       Dans le vaste gouffre des mers.   ROUSSEAU

 

  • Neuvain

Le neuvain est une strophe de neuf vers. Elle est construite sur trois ou quatre rimes (ABABCBCBC ou ABABBBCBC et AABCCBDDB ou ABABCCDCD)

 

Ex : Dans ces jours destinés aux larmes

       Où mes ennemis en fureur

       Aiguisoient contre moi les armes

       De l’imposture et de l’erreur ;

       Lorsqu’une coupable licence

       Empoisonnoit mon innocence,

       Le seigneur fur mon seul recours :

       J’implorai sa toute-puissance,

       Et sa main vint à mon secoursROUSS (Ancien français)

 

 

  • Dizain

C’est une strophe de dix vers.  Elle est construite sur deux, quatre ou cinq rimes selon le schéma AAABBBAABB pour 2 rimes, ABABCBCDCD pour quatre rimes et ABBACCEDED pour cinq rimes.

 

Ex : Roi des saisons et des années

       Soleil, dont les courses bornées

       Donnent l’ordre à tout l’univers ;

       S’il est vrai que tu remédies

       Aux langoureuses maladies

       Par tant de royaumes divers

       Garde que Richelieu ne meure ;

       Vois son mal, et pour obliger

       Toute la France qui le pleure,

       Hâte-toi de le soulagerBOISROBERT.

 

  • Onzain

C’est une strophe de onze vers. Il est uniquement construit sur quatre vers. ABAABCCBDDB ou AABCCCBEEEB.

 

Ex : Un petit avis charitable ;

        Iris, croyez-moi, quittons-nous.

        Vous me recevez d’un air doux,

        Et vous êtes pour moi d’humeur assez traitable ;

        Mais tout ceci n’est plus amour.

        Le mien s’alentit chaque jour ;

        Enfin ma conscience se lasse.

        Quoi que nous puissions nous jurer,

        Chacun de nous deux s’embarrasse :

        Ah ! finissons de bonne grâce

        Ce qui ne peut longtemps durer. PAVILLON

 

 

 

  • Douzain

C’est une strophe de douze vers et se construit sur quatre rimes à savoir AAABCCCBDDDB

 

Ex : Au fond de votre solitude,

       Princesse, songez quelquefois

       Que le climat où sont les rois

       Est un séjour d’inquiétude ;

       Que les orages dangereux

       Pour ceux qu’on croit les plus heureux

       S’élèvent sur la mer du monde ;

       Et que, dans un port écarté,

       Tandis que la tempête gronde,

       On rencontre la sureté

      D’une paix solide et profonde

       Que l’on possède en liberté. CHAULIEU.

 

  • Nature des strophes

Dans un poème, les strophes sont dites :

 

  • Régulières : quand elles sont toutes semblables.
  • Mixtes : lorsqu’elles s’alternent sous deux formes différentes. 
  • Irrégulières : lorsqu’elles sont distinctes les unes des autres.

 

  • La forme de la strophe

 

  • Des strophes carrées : elles sont composées de six vers de six syllabes, huit octosyllabes, dix décasyllabes et douze alexandrins. C’est ensemble donne aux strophes carrées une impression de force, de plénitude et de cohésion dans le poème.

 

  • Des strophes horizontales : elles comprennent quatre, cinq ou au plus six alexandrins. L’impression qu’elles dégagent est celle de la durée, de l’étendue et de la majesté. Elles se qualifient généralement de strophes de la nostalgie, des regrets, de stance des adieux àlavie.
     
  • Des strophes verticales : elles se caractérisent par l’emploie de huit vers de deux syllabes, dix vers de trois syllabes et de douze vers de quatre syllabes. Ceux-ci donnent l’impression d’un écoulement rapide, d’une succession d’actes précipités souvent fougueux et violents ou badins et légers.

 

  • Des strophes hétérométriques : sa structure est particulière car elle prend la forme d’un cône en ceci qu’elle commence par des vers longs pour s’achever par des vers courts. Cette chute de vers donne l’impression d’un épuisement de souffle ou d’un répit.

 

  • Le refrain

Comme dans une chanson, c’est lorsqu’une même strophe revient régulièrement dans un poème. Il permet de donner un certain rythme au poème et est porteur de l’essence du poème.

 

  • Stances

Ce sont des strophes lyriques/religieuses  car elles sont organisées en groupe de quatre, cinq, six ou huit vers qui constituent un sens complet et fini. Le genre de vers et la rime qu’elles emploient sont répétitifs dans l’ensemble du poème.

 

  1. La métrique ou mesure des vers

 

La métrique ou la mesure désigne l’étude des vers, de la strophe et des poèmes à forme fixe. Pour mesurer un vers, il faut opérer le compte des syllabes.

 

Ex : « C’é/tait/l’heu/re/tran/quil/le où /les/ li/ons/vont /boire. » Victor Hugo

                                 

  • La diérèse

On parle de diérèse lorsqu’un mot, qui, dans la langue courante est prononcé de manière groupée est prononcé séparément en poésie.

Ex : « million » - « mi/lli/on »

       «  nation » -    « na/ti/on »

 

  • La synérèse

C’est lorsqu’un mot qui peut se habituellement prononcé en deux mots est choisi d’être prononcé en une syllabe en poésie.

Ex : « li/on » - « lion »

NB : La découpe en diérèse a une portée significative, le poète l’utilise pour porter l’attention sur un mot en particulier.

  • La règle du-e-muet

Lors de la décompte d’un vers,

  • La syllabe qui se termine par un « e » muet (non accentué) se compte si et seulement si la syllabe suivante commence par une consonne
  • Elle ne se compte pas si et seulement si la syllabe suivante commence par une voyelle
  • Elle ne se compte pas également si elle se trouve à la fin d’un vers.

Ex : Il tire, traine, geint, tire encore et s’arrête. (Victor Hugo)

(Les e colorés en rouge ne se comptent pas et ceux colorés en e se comptent).

 

  1. La rime

On parle de rime dans un poème lorsque l’on observe la présence d’une voyelle ou d’une consonne de manière répétitive à la fin de deux ou plusieurs vers.  La rime permet de montrer l’identité des sons. Ainsi, pour étudier la rime d’un poème, un ensemble d’éléments sont à prendre en compte.

  • Le genre de la rime

Le genre de la rime désigne l’identification par le masculin ou par le féminin d’une rime. Toutes les rimes qui se terminent par un « e » sont des rimes féminines et les autres sont dites masculines. Ainsi, chaque fois où l’on voit un vers qui se termine par un « e » non accentué, il s’agit d’une rime féminine  même si elle est sous la forme du pluriel (s, nt) et si ce dernier n’est pas accentué et/ou se termine par une consonne, il devient automatiquement une rime masculine.

Dans la poésie classique, il est normé d’alterner  les rimes masculines et les rimes féminines.

 

  • La qualité de la rime

Il s’agit ici de déterminer si la rime employée est riche, suffisante ou pauvre.

  • On parle de rime riche quand l’on a  une rime qui se compose de trois sons en commun à savoir deux consonne et deux voyelles (ex : hasard/ image, hommage, patin et matin).
  • De rime suffisante quand il y’a deux sons en commun  notamment une consonne et une voyelle (ex : rêve/achève)
  • Les rimes sont dites pauvres quand il n’y a qu’un seul son en commun qui est la voyelle accentuée.

Ex : matin/chemin, pas et plats

 

  • La nature de la rime

La nature de la rime encore appelle la disposition de rime est celle-là qui détermine si la rime est plates/suivie, embrassée ou croisée.

  • Il est question de rime plate/suivie quand nous avons des rimes couplées deux à deux (AABB).

Ex : « Une heure est à Venise, heure des sérénades A

Lorsqu’autour de Saint-Marc sous les sombres arcades A

Les pieds dans la rosée et son masque à la main B

Une nuit de printemps joue avec le matin » B

(Alfred de Musset, Premières poésies)

 

 

  • Les rimes embrasées quand elles sont enchâssées les unes dans les autres (ABBA)

 

Ex : « La tzigane savait d’avance A

Nos deux vies barrées par la nuit B

Nous lui dimes adieu et puis B

De ce puits sortit l’espérance » A

 

  • Les rimes croisées, ce sont celles qui s’alternent (ABAB).

 

Ex :     Depuis longtemps déjà je t’ai laissé tout seul A

Cependant me voici t’apportant mon mensonge B

par Claude Foumtum