Cours De Litterature
Etudes Des Genres litteraires
La PoesieL’étude de la poésie repose sur un ensemble d’informations méthodologiques à appliquer à un poème à savoir la versification (les groupements de vers et les formes fixes, la structure du texte ou la métrique, les figures de rhétoriques, etc.
- La versification
Le vers est la disposition ou l’arrangement particulier des éléments d’un texte poétique. Il se caractérise par la présence des rythmes, des sonorités et des blancs typographique (espace existantes entre deux vers).
On distingue trois variétés de vers, le vers régulier et le vers libre et le vers irrégulier.
- Le vers régulier
Un vers est dit régulier lorsqu’il respecte des règles. Ces règles impliquent le décompte des syllabes, la prise en compte du e-muet, les diérèses et les synérèses, l’interdiction de le hiatus, les règles de la rime, le respect des césures et bien d’autres. Les règles de versification ne sont pas fixes et changent selon les époques, c’est ainsi qu’on trouvera plusieurs formes de vers réguliers notamment le vers régulier médiéval qui se caractérise par l’invention des règles de base de la versification poétique notamment le décompte des syllabe, la césure et la rime. De plus, l’on note le vers régulier baroque qui se distingue par l’alternance des rimes masculines et féminines. De même, le vers régulier classique qui proscrit le hiatus, le traitement des e-muets, l’interdiction des rejets et des enjambements. Quant au vers régulier romantique qui est la dernière forme de vers régulier, il y’a enrichissement des rimes et de déniaisement de l’alexandrin. C’est cette invention de nouvelles formes de règles en versification qui donna progressivement naissance au vers dit libre.
- Le vers libre ou libéré
Il est la marque ou la représentation de la rupture d’avec les règles de la métrique traditionnelle classique. Ce type de vers favorise l’invention de nouvelles voies d’expressivité. Ainsi, c’est un vers qui n’obéit à aucune structure régulière, absence de mètre, de rimes ni de strophes. Ce besoin de s’affranchir des règles classiques ne l’empêche pas de conserver cependant quelques caractéristiques du vers régulier à savoir la présence des alinéas d’une longueur inférieur à la phrase, des majuscules en début de vers mais pas toujours, des espaces entre les strophes, des enjambements, les sonorités et des anaphores. Ainsi, le poète écrit selon sa sensibilité et ajoute ou omet les éléments de la versification selon son entendement.
- Le vers irrégulier
C’est une forme plus radicale du vers libre, une sorte de continuité. Le vers irrégulier s’oppose au vers régulier et ne respecte aucune forme de versification. Le poète se fit à son jugement personnel pour écrire son poème, il refuse toute forme de contraintes.
- Les formes de vers
- Le vers pair : il a un nombre pair de syllabes (2, 4, 6, 8, 10,12…)
- Le vers impair : il a un nombre impair de syllabes (3, 5, 7, 9, 11,13)
- Le vers simple : c’est un vers court qui n’a pas de césure
- Le vers composée : c’est un vers long de 8 syllabes voir plus et qui a une césure.
- Les différents types de vers
- Monomètre ou monosyllabe : vers d’une syllabe
Ex : Meurt !
- Dissyllabe : vers de deux syllabes
Ex : Ce/soir !
- Trisyllabe: vers de trois syllabes
Ex: Oui/ re/vient !
- Quadrisyllabe ou tétrasyllabe : vers de quatre syllabes
Ex : La/vie, /re/vient !
- Pentasyllabe: vers de cinq syllabes
Ex : Dans/ce/jus/van/té
- Hexasyllabe: vers de six syllabes
Ex : Des/dons/les/plus/ra/res
- Heptasyllabe: vers de sept syllabes
Ex : Les/a/mours/sont/dé/sar/més
- Octosyllabe: vers de huit syllabes
Ex : Ces/sons/de/crain/dre/les/pei/nes
- Ennéasyllabe: vers de neuf syllabes
Ex : Du/haut/bois/et/des/chan/son/net/tes
- Décasyllabe : vers de dix syllabes
Ex : Dans/le/vieux/parc/so/li/tai/re et/gla/cé
- Hendécasyllabe: vers d’onze syllabes
Ex : Leurs/yeux/sont/morts/et/leurs/lè/vres/sont/mol/les
- Alexandrin ou dodécasyllabe : vers de douze syllabes
Ex : Bois/som/bre/, qui/du/jour/bra/ves/les/feux/ja/loux
- Les regroupements de vers (les strophes)
On parle de regroupement de vers pour désigner la construction en strophes des vers. Une strophe est l’ensemble constitué par un nombre limité de vers, avec une disposition régulière des rimes et des mètres qui peuvent se succéder indéfiniment. En générale, la strophe comprend quatre à quatorze vers et la structure choisie par le poète dans sa première strophe est souvent celle qu’il respecte tout au long du poème. Le sens doit être complet à la fin de chaque strophe. Une strophe ne doit pas s’achever par la même nature de rime que celle de la strophe suivante. En d’autres termes, si une strophe s’achève par une rime féminine, la suivante doit commencer par une rime masculine. De manière générale, à partir de la strophe quatre jusqu’à la dixième, on peut noter une forte variation des rimes ou de leur genre. Ainsi, il n’y a pas de bornes et le poète peut exprimer sa liberté d’écriture en tenant cependant en compte le respect des règles générales liées aux strophes.
- Distique
La distique est une strophe qui se compose de deux vers et est construite sur une seule rime (AA) et est isométrique. Elle s’emploie rarement seule.
Ex : Qu’il était bleu, le ciel et grand l’espoir !
L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
- Tercet
Une strophe qui comporte trois vers s’appelle un tercet. On l’emploie généralement dans des poèmes à forme fixe et est construite sur une seule rime (AAA)
Ex : Quel bonheur !quelle victoire !
Quel triomphe !quelle gloire !
Les amours sont désarmés.
- Quatrain
C’est une strophe de quatre vers. Cette strophe est très prisée et s’emploie avec d’autres strophes de nature différentes. Elle se construit sur deux rimes à savoir (ABAB ou ABBA).
Ex : Des dons les plus rares
Tu combles les cieux ;
C’est toi qui prépares
Le nectar des dieux. J.-B. ROUSSEAU
- Quintin
C’est une strophe formée de cinq vers. Encore appelé cinquain, il est construite sur deux rimes (ABAAB ou AABAB ou ABBBA).
Ex : Dans une froide plaine assise,
Est une chétive maison,
Où jamais ne fut vu tison,
Et qui ne peut parer la bise
Que par quelque faible cloison.
- Sizain
C’est une strophe de six vers. Elle se construite soit sur deux rimes (ABBABA) ou sur trois rimes (AABCCB). On l’appelle encore sixain.
Ex : Dans leur course vagabonde
Les mortels sont entrainés,
Frêles vaisseaux que sur l’onde
Battent les vents mutilés,
Et dans l’océan du monde
Au naufrage destiné. VOLT
- Septain
Le septain est une strophe constituée de sept vers et est généralement construite sur trois rimes (ABABCCB ou ABBACAC ou AABCBCB ou ABBACCA)
Ex : C’est ainsi que du jeune Atride
On vit l’éloquente douleur
Intéresser dans son malheur
Les Grecs assemblés en Aulide
Et d’une noble ambition,
Armer leur colère intrépide
Pour la conquête d’Ilion. ROUSS
- Huitain
Strophe de huit vers, le huitain se construit sur trois rimes (AAABCCCB, ABABCDCD)
Ex : Par les ravages du tonnerre
Nous verrions les champs moissonnés
Et des entrailles de la terre
Les plus hauts monts déracinés ;
Nos yeux verraient leur masse aride,
Transportée au milieu des airs,
Tomber d’une chute rapide
Dans le vaste gouffre des mers. ROUSSEAU
- Neuvain
Le neuvain est une strophe de neuf vers. Elle est construite sur trois ou quatre rimes (ABABCBCBC ou ABABBBCBC et AABCCBDDB ou ABABCCDCD)
Ex : Dans ces jours destinés aux larmes
Où mes ennemis en fureur
Aiguisoient contre moi les armes
De l’imposture et de l’erreur ;
Lorsqu’une coupable licence
Empoisonnoit mon innocence,
Le seigneur fur mon seul recours :
J’implorai sa toute-puissance,
Et sa main vint à mon secours. ROUSS (Ancien français)
- Dizain
C’est une strophe de dix vers. Elle est construite sur deux, quatre ou cinq rimes selon le schéma AAABBBAABB pour 2 rimes, ABABCBCDCD pour quatre rimes et ABBACCEDED pour cinq rimes.
Ex : Roi des saisons et des années
Soleil, dont les courses bornées
Donnent l’ordre à tout l’univers ;
S’il est vrai que tu remédies
Aux langoureuses maladies
Par tant de royaumes divers
Garde que Richelieu ne meure ;
Vois son mal, et pour obliger
Toute la France qui le pleure,
Hâte-toi de le soulager. BOISROBERT.
- Onzain
C’est une strophe de onze vers. Il est uniquement construit sur quatre vers. ABAABCCBDDB ou AABCCCBEEEB.
Ex : Un petit avis charitable ;
Iris, croyez-moi, quittons-nous.
Vous me recevez d’un air doux,
Et vous êtes pour moi d’humeur assez traitable ;
Mais tout ceci n’est plus amour.
Le mien s’alentit chaque jour ;
Enfin ma conscience se lasse.
Quoi que nous puissions nous jurer,
Chacun de nous deux s’embarrasse :
Ah ! finissons de bonne grâce
Ce qui ne peut longtemps durer. PAVILLON
- Douzain
C’est une strophe de douze vers et se construit sur quatre rimes à savoir AAABCCCBDDDB
Ex : Au fond de votre solitude,
Princesse, songez quelquefois
Que le climat où sont les rois
Est un séjour d’inquiétude ;
Que les orages dangereux
Pour ceux qu’on croit les plus heureux
S’élèvent sur la mer du monde ;
Et que, dans un port écarté,
Tandis que la tempête gronde,
On rencontre la sureté
D’une paix solide et profonde
Que l’on possède en liberté. CHAULIEU.
- Nature des strophes
Dans un poème, les strophes sont dites :
- Régulières : quand elles sont toutes semblables.
- Mixtes : lorsqu’elles s’alternent sous deux formes différentes.
- Irrégulières : lorsqu’elles sont distinctes les unes des autres.
- La forme de la strophe
- Des strophes carrées : elles sont composées de six vers de six syllabes, huit octosyllabes, dix décasyllabes et douze alexandrins. C’est ensemble donne aux strophes carrées une impression de force, de plénitude et de cohésion dans le poème.
- Des strophes horizontales : elles comprennent quatre, cinq ou au plus six alexandrins. L’impression qu’elles dégagent est celle de la durée, de l’étendue et de la majesté. Elles se qualifient généralement de strophes de la nostalgie, des regrets, de stance des adieux àlavie.
- Des strophes verticales : elles se caractérisent par l’emploie de huit vers de deux syllabes, dix vers de trois syllabes et de douze vers de quatre syllabes. Ceux-ci donnent l’impression d’un écoulement rapide, d’une succession d’actes précipités souvent fougueux et violents ou badins et légers.
- Des strophes hétérométriques : sa structure est particulière car elle prend la forme d’un cône en ceci qu’elle commence par des vers longs pour s’achever par des vers courts. Cette chute de vers donne l’impression d’un épuisement de souffle ou d’un répit.
- Le refrain
Comme dans une chanson, c’est lorsqu’une même strophe revient régulièrement dans un poème. Il permet de donner un certain rythme au poème et est porteur de l’essence du poème.
- Stances
Ce sont des strophes lyriques/religieuses car elles sont organisées en groupe de quatre, cinq, six ou huit vers qui constituent un sens complet et fini. Le genre de vers et la rime qu’elles emploient sont répétitifs dans l’ensemble du poème.
- La métrique ou mesure des vers
La métrique ou la mesure désigne l’étude des vers, de la strophe et des poèmes à forme fixe. Pour mesurer un vers, il faut opérer le compte des syllabes.
Ex : « C’é/tait/l’heu/re/tran/quil/le où /les/ li/ons/vont /boire. » Victor Hugo
- La diérèse
On parle de diérèse lorsqu’un mot, qui, dans la langue courante est prononcé de manière groupée est prononcé séparément en poésie.
Ex : « million » - « mi/lli/on »
« nation » - « na/ti/on »
- La synérèse
C’est lorsqu’un mot qui peut se habituellement prononcé en deux mots est choisi d’être prononcé en une syllabe en poésie.
Ex : « li/on » - « lion »
NB : La découpe en diérèse a une portée significative, le poète l’utilise pour porter l’attention sur un mot en particulier.
- La règle du-e-muet
Lors de la décompte d’un vers,
- La syllabe qui se termine par un « e » muet (non accentué) se compte si et seulement si la syllabe suivante commence par une consonne
- Elle ne se compte pas si et seulement si la syllabe suivante commence par une voyelle
- Elle ne se compte pas également si elle se trouve à la fin d’un vers.
Ex : Il tire, traine, geint, tire encore et s’arrête. (Victor Hugo)
(Les e colorés en rouge ne se comptent pas et ceux colorés en e se comptent).
- La rime
On parle de rime dans un poème lorsque l’on observe la présence d’une voyelle ou d’une consonne de manière répétitive à la fin de deux ou plusieurs vers. La rime permet de montrer l’identité des sons. Ainsi, pour étudier la rime d’un poème, un ensemble d’éléments sont à prendre en compte.
- Le genre de la rime
Le genre de la rime désigne l’identification par le masculin ou par le féminin d’une rime. Toutes les rimes qui se terminent par un « e » sont des rimes féminines et les autres sont dites masculines. Ainsi, chaque fois où l’on voit un vers qui se termine par un « e » non accentué, il s’agit d’une rime féminine même si elle est sous la forme du pluriel (s, nt) et si ce dernier n’est pas accentué et/ou se termine par une consonne, il devient automatiquement une rime masculine.
Dans la poésie classique, il est normé d’alterner les rimes masculines et les rimes féminines.
- La qualité de la rime
Il s’agit ici de déterminer si la rime employée est riche, suffisante ou pauvre.
- On parle de rime riche quand l’on a une rime qui se compose de trois sons en commun à savoir deux consonne et deux voyelles (ex : hasard/ image, hommage, patin et matin).
- De rime suffisante quand il y’a deux sons en commun notamment une consonne et une voyelle (ex : rêve/achève)
- Les rimes sont dites pauvres quand il n’y a qu’un seul son en commun qui est la voyelle accentuée.
Ex : matin/chemin, pas et plats
- La nature de la rime
La nature de la rime encore appelle la disposition de rime est celle-là qui détermine si la rime est plates/suivie, embrassée ou croisée.
- Il est question de rime plate/suivie quand nous avons des rimes couplées deux à deux (AABB).
Ex : « Une heure est à Venise, heure des sérénades A
Lorsqu’autour de Saint-Marc sous les sombres arcades A
Les pieds dans la rosée et son masque à la main B
Une nuit de printemps joue avec le matin » B
(Alfred de Musset, Premières poésies)
- Les rimes embrasées quand elles sont enchâssées les unes dans les autres (ABBA)
Ex : « La tzigane savait d’avance A
Nos deux vies barrées par la nuit B
Nous lui dimes adieu et puis B
De ce puits sortit l’espérance » A
- Les rimes croisées, ce sont celles qui s’alternent (ABAB).
Ex : Depuis longtemps déjà je t’ai laissé tout seul A
Cependant me voici t’apportant mon mensonge B