Créée en 1971 par Claude Duchet, la sociocritique se définit dès lors comme « une poétique de la socialité (tendance innée à former des liens sociaux) inséparable d’une lecture de l’idéologie dans sa spécificité textuelle ». Pour lui, la sociocritique propose une lecture socio-historique du texte. En d’autres termes, elle est une méthode littéraire qui met l’accent sur « l’univers social présent dans le texte ». Elle tente d’expliquer l’œuvre par rapport au milieu social de son producteur. Elle permet d’expliquer la forme et le sens des textes, d’évaluer et de mettre en valeur leurs historicités, leurs portées critiques et leurs capacités d’inventions à l’égard de la vie sociale. Elle ne tient pas en compte « la mise en marché du texte ou du livre, ni des conditions du processus de création, ni de la biographie de l’auteur, ni de la réception des textes littéraires » comme le fait la sociologie de la littérature. Son objet d’étude est le texte et rien que le texte. Elle se charge d’interroger dans le texte « l’implicite, les présupposés, le non-dit ou l’impensé, les silences » selon Duchet. La sociocritique ne peut s’utiliser seul dans l’étude d’un texte. Elle convoque obligatoirement d’autres disciplines à savoir la thématique, la narratologie, la rhétorique, la poétique, l’analyse du discours, la linguistique textuelle ou la psychanalyse. Ces méthodes sont juste des moyens qui permettent d’appliquer la sociocritique dans le texte littéraire.
Sa démarche d’étude se définie en trois temps :
- L’analyse interne de la mise en texte (étude de l’organisation interne des textes, leurs systèmes de fonctionnement, leurs réseaux de sens et leurs tensions).
- L’éversion inductive du texte vers ses altérités langagières constitutives (répertoires lexicaux, les langages sociaux, les discours, les représentations, les images éventuelles).
- Etude de la relation bidirectionnelle (en aller-retour) à la semiosis sociale.