- Le lecteur implicite
Le concept de lecteur implicite est emprunté à Wayne Booth (1963). C’est l’image du lecteur que l’écrivain construit à travers son texte.
Iser cherche le lecteur dans la série d’orientation interne ou condition de réception que le texte littéraire offre à ses lecteurs. Il s’agit donc d’une restructuration de la lecture contenue dans le texte. Le discours de fiction par exemple est très souvent décontextualisé c’est-à-dire qu’il est privé de la situation référentielle qui est celle du langage naturel. Pour communiquer, il fournit lui-même des indications pour la reconstruction de la situation énonciative.
- Le lecteur modèle selon Umberto Eco
En 1985, Eco a mis au point dans Lector in Fabula, un modèle sémiotique de la lecture ayant pour objet « le phénomène de la narrativité exprimé verbalement en tant qu’interprète par un lecteur coopérant. » le texte étant « une machine paresseuse qui exige du lecteur un travail coopératif acharné pour remplir les espaces de non-dits ou de déjà dits restés en blanc ; un produit dont le sort interprétatif doit faire partir de son propre mécanisme génératif ; l’auteur envisage un lecteur modèle qui doit être capable de coopérer à l’actualisation textuelle de la façon dont lui , l’auteur, le pensait ; le lecteur capable aussi d’agir interprétative ment comme lui, l’auteur a agi générative ment.
- Le lecteur universel et son travail
Lire signifie déduire, conjecturer, inférer à partir du texte un contexte possible confirmer ou corriger par la suite de la lecture. Le lecteur universel mobilise à cet effet une sorte de mémoire collective où sont rassemblés les « non-dit » et les « on-sait » opérant et circulant dans un certain contexte socioculturel. C’est ce qu’Umberto Eco appelle l’encyclopédie. Il s’agit d’un savoir implicite présupposé par le texte et actualisé par le lecteur.
- L’acte de lecture comme élément en soi
La lecture consiste en la construction successive d’une série de topics différents. Un topic (soit de quoi parle le texte) est une hypothèse construite par le lecteur sur laquelle il s’appuie en actualisant le texte dans sa linéarité. Toute hypothèse est donc une conjecture (un jugement probable) au cours de la lecture, les conjectures ainsi formulées sont vérifiées ou infirmées.
En lisant, le lecteur coopérant est sensé construire un monde sensé correspondre à celui du récit tout comme il peut imaginer un monde dans lequel une personne imagine à son tour un monde sensé correspondre aux désirs et aux attentes qui font agir les autres personnages.