Cours De Litterature
Reception critique des textes litteraires
La reception des textes litterairesAu-delà des façons de concevoir et d’imaginer les textes, il y’a l’enjeu des façons de les comprendre, de les percevoir afin de donner sens à toutes lectures littéraires. C’est à ce niveau qu’interviendra un esthétique de la réception, des horizons d’attentes et les questions de lecture.
- L’esthétique de la réception
Pour Hans-Robert Jauss, fondateur et principal représentant de l’école de constance, l’esthétique de la réception se veut un mode d’analyse du couple Auteur-Texte, vers la relation Texte-Lecteur. C’est l’étude les objectifs et les méthodes d’une analyse des conditions matérielles, économiques et sociales de la production, de la diffusion et de la consommation des œuvres littéraire, prenant nécessairement en compte le lecteur. Pour Rainer Warning, l’esthétique de la réception est l’étude des « modalités et résultats de la rencontre entre l’eouvre et le destinataire » et « le dépassement des formes traditionnelles de l’esthétique de la production ». Pour Jauss, comprendre cette esthétique de la réception reviendrait à déterminer sur quoi repose l’histoire de la littérature. En effet, l’histoire de la littérature se comprend comme la « relation de rupture ou de continuité qui lie le texte aux canons littéraires de son temps (normes des genres, poétiques etc.) et aux autres productions littéraires présentes ou passées ». Elle n’est pas une « succession de systèmes esthétiques formels » c’est dire en somme que l’esthétique de la réception ne tient pas en compte le rapport historique qui existe entre les auteurs avec leurs œuvres mais du rapport entre l’œuvre et le lecteur car les œuvres n’ont d’histoires que lorsqu’elles sont lues. Ainsi, « seule la médiation du lecteur fait entrer l’œuvre dans l’horizon d’expérience mouvant d’une continuité ».
- L’horizon d’attente littéraire
L’esthétique de la réception permet de comprendre les ruptures ou les écarts dans la relation texte-lecteur : comment expliquer l’indifférence où tombent les œuvres qui doivent attendre un nouveau public pour être comprises ou appréciés ?
Lorsque Jauss, dans son étude sur Iphigénie de Goethe tente de retracer en diagonal les différentes concrétisations de la pièces de 1779, il nous propose de reconstituer l’horizon de la question et de la réponse qui a dans les perspectives propres à l’histoire de cette œuvre déterminer du côté de la réception les changements survenues dans son intelligence et provoqué du côté de la production critique la substitution d’une nouvelle image de l’œuvre, d’une nouvelle réponse, à celle dont on ne se satisfaisait plus. En d’autres termes, si l’on suit la démarche herméneutique proposé par Jauss, il s’agit de savoir quelle question le lecteur a posé à l’œuvre à un moment donné de l’histoire. Pour arriver à formuler cette question ; l’on doit tenir compte des « significations virtuelles » contenues dans l’œuvre, encore appelées horizons d’attentes littéraires. Cet horizon d’attente littéraire peut se laisser saisir par une analyse des signaux que l’on peut découvrit et même décrire en terme de linguistique textuelle. (L’horizon d’attente littéraire renvoie à toutes les questions que l’on se pose tout au long de la lecture d’une œuvre)
D’abord lecteur, l’écrivain est celui qui interroge les œuvres et qui est insatisfait de la réponse qui lui ai renvoyé. En écrivant son livre, il devient ce que Jauss appelle un récepteur actif, autrement dit un producteur d’horizon d’attente littéraire. Ainsi, pour savoir quelle question le lecteur a posé à l’œuvre, il faut tout d’abord, comme lecteur interrogé l’œuvre elle-même : quelles questions le lecteur peut-il se posé en lisant mon texte ?
C’est en étudiant les significations virtuelles inscrites dans l’œuvre que l’histoire de la littérature parvient à reformuler la ou les questions originales. Mais ces significations virtuelles elles même ne sont saisissables qu’à partir de la connaissance de la demande de la lecture que l’auteur a lui-même entreprise. C’est dans ce cercle hermétique que Jauss définit ce qu’il appelle horizon d’attente littéraire.
Cette notion fait intervenir trois facteurs principaux :
- L’expérience préalable que le public a du genre dont relève le texte.
- La forme et la thématique d’œuvres antérieures dont l’œuvre nouvelle présuppose la connaissance (compétences intertextuelles).
- L’opposition entre langage poétique et langage pratique, monde imaginaire et réalité quotidienne.
- L’horizon d’attente sociale
Jauss précise ce qu’il entend théoriquement par horizon d’attente social : « la disposition d’esprit ou le code esthétique des lecteurs qui conditionne la réception ».
En 1975 Jauss voit la nécessité de distinguer un horizon d’attente littéraire et un horizon d’attente social. Cette distinction lui permet en effet de mieux évaluer (les deux éléments constitutifs de la concrétisation du sens) l’effet produit par l’œuvre qui est fonction de l’œuvre elle-même et la réception qui est déterminée par le destinataire de l’œuvre afin de comprendre la relation entre texte et lecteur comme un procès établissant un rapport entre deux horizons.
Selon Jauss, l’esthétique de la réception ne permet pas seulement de saisir le sens et la forme de l’œuvre littéraire tels qu’ils ont été compris de façon révolutive à travers l’histoire. Elle exige aussi que chaque œuvre soit placée dans le série littéraire (roman, poésie ou théâtre) dont elle fait partie afin qu’on puisse déterminer sa situation historique, son rôle et son importance dans le contexte général de l’expérience littéraire (pour une esthétique de la réception P69).
Ainsi, le concept d’horizon d’attente constitue une des notions clés de l’esthétique de la réception mais il ne doit cependant pas être perçu comme une forme de terminisme figé. Jauss conçoit cet horizon d’attente comme un code esthétique des lecteurs : tout lecteur doit mobiliser des savoirs culturels, des connaissances du genre, une familiarité avec la forme et le thème, tout élément à sa disposition qu’il est prêt à réinvestir dans le texte pour mieux le comprendre.
Dans le cas d’une œuvre d’art, la prise en compte de cet horizon d’attente apparait comme essentiel car dès son origine « l’œuvre est reçue et jugée non seulement par contraste avec un arrière-plan d’autres formes artistiques, mais aussi en rapport à l’arrière-plan de l’expérience de la vie quotidienne. La composante éthique de sa fonction sociale doit être elle aussi appréhender par l’esthétique de la réception en terme de questions et de réponses, de problème et de solutions tels qu’ils se présentent dans le contexte historique en fonction de l’horizon où s’inscrit son action ( Ibid, p83)