Devant le développement d’une individualisation réductrice de la gestion des ressources humaines et une structuration en réseau des systèmes de production et d’organisation, comment peut évoluer une gestion des ressources humaines centrée sur le développement du potentiel humain qui préserve une dimension personnelle et collective acceptable par tous et qui ne favorise pas l’irruption et la montée d’une insécurité permanente anxiogène et démobilisatrice? Nous avons évoqué le retour en force des relations entre les structures de formation et les entreprises. Souligner ici l’importance du développement d’un système éducatif garantissant une égalité d’accès aux savoirs est un poncif, tant les organisations internationales et les gouvernements en ont fait une centralité de leur politique. La formation initiale facteur de l’accès à un métier et plus largement à une trajectoire professionnelle durable, devrait être une préoccupation essentielle de toute société démocratique. Si des progrès importants ont été réalisés ces trente dernières années en France pour élever le niveau de scolarisation, il n’en demeure pas moins vrai qu’une frange non négligeable de jeunes quitte le système de formation sans qualification (60 000 annuellement) et que d’autres connaissent très rapidement une déqualification, faute de maîtriser les savoirs de base, en particulier l’écrit, qui les isolent durablement du marché du travail. Malheureusement à cette sélection draconienne exercée par un système de formation supérieure reproduisant une élite, (le débat suscité par « science po » qui propose à des lycéens issus de quartiers en difficultés ou de ZEP de disposer d’un accès « aménagé »d’intégration interroge très profondément un modèle éducatif de sélection et de reproduction catégorielle) vient aujourd’hui s’ajouter une marchandisation grandissante de la formation qui souhaite adosser les contenues et les objectifs de l’enseignement à la seule fin de préparer les futurs salariés aux besoins des entreprises et d’insuffler si besoin était une aggravation de la compétition et du règne de l’individuel face au collectif.