Cours Philosophie
par Herve Touk
Il est important de chercher à savoir quel rapport existe entre la perception et la vérité, car dans l’arène philosophique, plusieurs batailles ont eu lieu à ce sujet. Pendant que certains la voient comme meilleure façon de connaître l’homme et le monde, d’autres la voient comme une illusion de l’esprit de l’homme.
La perception bien qu’étant celle d’un seul individu, donc subjective, reste le seul moyen de saisir directement le monde qui nous entoure. Elle a un lien très fort avec la connaissance. Sans elle, l’homme ne pourrait ni se connaître, ni connaître le monde qui l’entoure. Le monde ne peut exister que si et seulement si il est perçu par un sujet. Si nous savons qu’avec les rationalistes, c’est la raison qui permet de connaître, ce n’est donc pas le sujet qui doit être au service de l’objet, mais c’est le sujet qui peut percevoir l’objet pour lui donner un nom qui lui confère une existence. Il est donc impossible que quelque chose existe en dehors de l’appréhension du sujet : la perception. C’est dans ce sens que George Berkeley déclare : « Exister, c’est être perçu ou percevoir ». (Principes de la connaissance humaine, 1710).
La connaissance et la perception sont donc intimement liées. La théorie objectiviste ne peut pas être prise très au sérieux. Car, comment l’objet qui n’a pas de raison et n’a pas le langage humain pourrait- il communiquer avec les autres. C’est par son langage que l’homme peut communiquer à ses semblables les résultats de ses expériences et vice - versa. La perception joue donc un rôle très important dans le processus de la connaissance.
Les sensations variant d’un individu à l’autre, il est clair que la perception qui est le jugement de la première ne peut qu’être subjective. Pour Husserl, il y a une distinction à faire entre les vécus de conscience qui relève de l’imagination, car la conscience se représente ici quelque chose qu’elle a expérimenté dans le passé, et l’acte de percevoir qui est la perception même. La perception nous met en lien direct avec les choses elles - mêmes et au moment présent. Il dira : « Dans la perception, l’objet se tient là comme en chair et en os, il se tient là à parler plus exactement encore comme actuellement présent (…) » (Chose et espace, 1907). La perception est donc le seul moyen que l’homme a de connaître exactement le monde, Merleau - Ponty soutiendra qu’il est inutile de se demander si l’on perçoit vraiment le monde mais plutôt dire que le monde est ce que nous percevons. La perception apparaît donc comme cet acte spécifique qu’a la conscience qui fait réellement exister le monde pour un sujet. C’est la conscience qui lui confère cette force, car la perception ne pouvait exister s’il n’y avait pas de conscience, d’où la subjectivité devient incontournable.
Si la perception est une affaire individuelle, la vérité qui se veut objective ne se retrouverait elle pas menacée ici par l’existence des vérités individuelles ? Si telle est le cas, nous seront face à des vérités singulières et non la vérité universelle.