1. 1. Le monde comme réalité matérielle

Lorsque nous nous posons les questions sur la composition du monde, de ce en quoi il est fait, nous le réduisons à un principe matériel. L’homme dans son expérience n’a pas affaire aux choses immatérielles, il fait juste l’expérience de la matière. C’est du moins ce que soutiennent les philosophes matérialistes. Ils soutiennent l’idée selon laquelle le monde est un composé de matière et montrent que même l'esprit, est un produit de la matière. C’est avec des philosophes comme Épicure et Lucrèce que cette conception va prendre de l’ampleur. Le matérialisme dégage trois idées : dans un premier temps, c’est la matière qui produit l’esprit, car on n’a jamais vu d’esprit sans la matière. Ensuite le deuxième postulat de cette doctrine est que la matière existe en dehors de tout esprit. Si nous voulons donc connaître le monde, seule la connaissance de la matière devra nous intéresser. Pour ces derniers, l'Univers est entièrement constitué d'atomes et les principes spirituels tels que l'âme et l'esprit sont en réalité des composés d'atomes. Chez eux, l'esprit est matériel et meurt en même temps que le corps. Pour Épicure et Lucrèce l'immortalité de l’âme et donc impossible.

En définitive, pour le matérialisme, le monde est constitué de matière divisible. Une chaise par exemple est composée d'atomes. L'atome est pourtant une entité première qui est indivisible. Les atomes sont de la même substance, mais leurs formes et leurs positions sont différentes les uns des autres. Les atomes de l’esprit et de l’âme seront donc plus fins que les autres.

1. 2. L’indispensabilité de l’esprit dans la saisie du monde extérieur

D’autres philosophes critiquant le matérialisme vont soutenir que la matière n’a une existence que parce que l'esprit humain est capable de saisir la forme qu'elle prend. L'homme ne se contente pas de constater qu'il y a de la matière. C’est lui qui donne une forme à cette matière qu'il perçoit.

Il y a donc une même matière originelle, qui est l'atome, et l'esprit perçoit des réalités différentes en fonction de l'objet ou de l'être constitué par les atomes.  Pour Aristote, les deux principes de matière et de forme doivent permettre de comprendre l'ensemble de ce qui existe. Il s’agit ici de l'hylémorphisme qui est une doctrine qui soutient que tout être est composé de deux principes : d’une matière et d'une forme. La matière étant le support indéterminé à partir duquel tous les individus sont constitués. Dans l'expérience, l'homme a toujours affaire à de la matière formée. Il ne peut pas expérimenter la matière pure.

La forme quant à elle ne correspond pas au contour de l'objet, c'est le principe qui organise la matière pour en faire un objet ou un individu déterminé.  L’esprit ici joue donc un rôle très important dans la saisie de la matière. Sans son intervention, la matière resterait informe et ne pourrait jamais être saisie. C'est parce qu'une personne conserve la même forme qu'on peut la reconnaître malgré les années qui passent.

Si les notions de matière et d'esprit semblent nécessaires pour produire une explication du réel, qu'en est-il quant à leur articulation en l'homme ?