Cours Philosophie
par Herve Touk
La Morale est également une notion qui a créée assez de débat dans l’arène philosophique. Depuis Socrate jusqu’à la modernité, l’on s’est toujours questionné sur cette notion qui fait aussi partir le la constitution du sujet conscient. Nous allons essayer de la définir et de parler de son statut.
La Morale peut être définie comme l’ensemble des règles qui permettent de distinguer le bien et le mal. La morale n’est possible qu’en l’homme. Car il est le seul pour qui l’on pourra parler d’une conscience morale. Contrairement aux animaux qui agissent instinctivement, l’homme est conscient de l’idée de bien et de l’idée du mal. C’est dans ce sens que Nietzsche dira : « L’homme est l’animal estimateur par excellence » (La généalogie de la morale, 1887).
La morale s’apprend tout comme la culture. La morale n’est pas innée et ne correspond pas du tout à ce qui fait plaisir à l’individu. Elle est un ensemble de règle qu’il faut apprendre. C’est pourquoi même ici, l’éducation de la raison est importante. L’homme ne pouvant supporter une vie de solitude, le bien individuel devient une partie du bien commun. L’éducation morale devient donc une éducation civique. C’est pourquoi Rousseau soutient que la conscience morale détermine les notions de responsabilités individuelles et de conscience civique. Pas l’un sans l’autre. L’éducation d’après lui permet donc de quitter de la nature qui est égoïste pour la culture qui est sociale.
Certes la morale aide l’homme à devenir responsable de ses actes mais lorsqu’elle et mal interprétée, elle peut nuire en croyant aider. C’est pourquoi le sujet pensant devra éviter certaines attitudes pour vivre sans mettre ni lui-même, ni son semblable, en danger.
Premièrement, nous avons l’association entre le bien et le plaisir qui constitue un grand frein à la conscience morale. Ce que l’homme juge d’habitude bon est souvent bon pour lui seul. Ici, tout ce qui est en accord avec son désir ou plaisir est « bien » et tout ce qui lui fait obstacle est « mal ». La considération des autres n’est pas souvent prise en compte dans ce cadre. L’association du bien et du plaisir conduit donc à l’immoralité et il faut l’éviter. En cherchant uniquement son propre bien en dehors de la société, l’homme peut se perdre jusqu’à son propre malheur et au malheur des autres.
Ensuite, nous avons la conception utilitariste de la morale qui est également dangereuse. Car elle réduit le bien ou le mal à l’utilité collective ou d’un acte. Le bien n’est plus recommandé ici pour le bonheur et l’émancipation comme le veut la morale pragmatique. Mais il est bien car il sert un intérêt et mal lorsque ce n’est pas le cas. Spinoza le définit ainsi : « Nous appelons bien ou mal ce qui sert ou nuit à la conservation de notre être » (Ethique, 1677). Cette forme de morale pousse l’homme à prendre son semblable comme un moyen de satisfaction de ses désirs. C’est pourquoi Kant exhorte plutôt à suivre la morale pragmatique qui est la morale pure qui ne s’attache qu’aux intentions. Il dira : « il n’y a rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est une bonne volonté » (Fondement de la métaphysique des mœurs, 1785). Pour le pragmatisme, est morale ce qui permet de réussir à faire le bien.
Maintenant que nous avons essayé d’avoir un aperçu générale sur la notion de culture et la notion de morale, il nous reste à desceller le lien qui les unies.