Cours Philosophie
par Herve Touk
Pour Aristote, la société ne permet pas seulement de faciliter les échanges pour assurer notre survie. Le fondement de la vie en communauté chez lui, c'est cette tendance naturelle qu'ont les hommes à s'associer entre eux, la « philia » ou encore amitié. Il n’est juste pas question de dire que nous sommes tout naturellement poussés à aimer nos semblables, mais que nous avons besoin de vivre en société avec eux, afin d’assumer pleinement notre humanité. Kant fait bien de le signaler lorsqu’il soutient que l'homme est à la fois sociable, et asocial. C’est-à-dire qu’il a besoin des autres, mais il entre également en rivalité avec eux. C'est cette « insociable sociabilité » qui a amené les hommes à développer leurs talents respectifs et leurs dispositions naturelles, bref, à devenir des êtres de culture.
Hors de la société, il serait donc impossible aux hommes de s’entre aider, de s’aimer et de se protéger. L’homme hors de la société serait un être solitaire et risquerait de périr par excès d’ennui.
Selon l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, on ne peut pas seulement réduire les échanges aux seules transactions économiques. En effet, il existe deux autres types d'échanges presque pareils aux échanges économiques. Il s’agit de l'organisation de la parenté, et de la communication linguistique. Il serrait donc absurde de réduire une société à une simple communauté économique d'échange. Elle est aussi constituée de l'organisation des liens de parenté tel que le mariage, ainsi que par l'instauration d'un langage commun à tous ses membres, et par un système complexe d'échanges symboliques (promesses, dons et contre-dons) qui sont responsables des rapports et de la hiérarchie sociale, et bien d’autres. D’après Durkheim, une société n'est donc pas seulement une simple réunion d'individus. C’est une force à part entière qui exerce sur l'individu une force contraignante, tout en lui fournissant des « représentations collectives » qui orientent tout son existence.
Ce n’est donc que dans une société que l’homme peut apprendre à connaître l’autre et à vivre avec lui. Cette connaissance n’est possible que par le biais de la communication qui n’est possible qu’avec autrui.